Derrière la beauté du Parc de Martissant, ses valeureux jardiniers !
Quand on visite le parc de Martissant, on est accueilli par la beauté du paysage verdoyant et le chant des oiseaux. En cette saison automnale, le parc se pare de multiples couleurs qui renforcent son charme. L’air frais et naturel donne la sensation d’être à la campagne, pourtant, on est dans la troisième section de la commune de Port-au-Prince, en ce lieu d’exception pour la préservation de la nature et la sauvegarde de la biodiversité.
L’éclat et la pureté du site, un joyau pour la communauté de Martissant et du pays en général, repose en grande partie sur le travail régulier de treize (13) ouvriers : ses valeureux jardiniers.
Sur ce site de 17 hectares, leur travail n’est pas des moindres. Présents au parc au lever du soleil jusque dans l’après-midi, leur intervention garantit l‘équilibre de cet écosystème. « Nous sommes responsables de « nettoyer » les arbres et de tailler les haies, nous soignons la croissance et la santé des plantes et des fleurs. Nous nous occupons également de l’arrosage et de toutes les interventions d’entretien des différents espaces du parc à savoir le mémorial, les pépinières du Centre Culturel Katherine Dunham (CCKD) et l’espace Leclerc », explique Jean Willy Bonnet, jardinier affecté au parc de Martissant.
Souriant, robuste, ce jardinier de 52 ans, originaire du département de la Grand-Anse, a intégré l’équipe de jardinage en 2012 et est devenu à présent le responsable de la pépinière des plantes médicinales qui occupent tout un espace au sein du parc. « Je suis passionné par la nature depuis toujours, c’est pour cela que je me sens heureux de travailler à l’entretien de ce parc qui est si magnifique. Je n’ai jamais vu ailleurs autant de richesses naturelles, culturelles et animales à préserver au niveau des différents espaces du parc », martèle ce père de famille.
Selon le jardinier Fecœur Romelus, 56 ans, originaire d’Anse-à-Veau, le travail des jardiniers n’est pas tâche facile, il demande beaucoup de dépense physique, ce qui requiert de l’endurance et une bonne condition physique. « Mais pas seulement », selon Fecœur, qui croit, qu’un jardinier doit avoir le sens de l’observation, être capable de travailler en équipe et d’avoir des compétences dans le domaine du jardinage, des pépinières ou de l’agriculture.
« J’ai toujours adoré de travailler à l’air libre, la pluie ou le soleil ne me dérange pas non plus. La passion de jardiner m’a été véritablement imposée lorsque j’étais avec mon père en 1979 dans le département des Nippes », a révélé ce jardinier hors pair. Pour lui, n’importe qui ne peut devenir jardinier. Il faut de la patience et de l’amour pour ce métier.
Fecœur regrette le temps de son père, à la campagne, où les jardins familiaux s’établissaient près de chaque maison, et que les gens donnaient plus de place à l’agriculture. Il croit que ce manque d’intérêt pour ce secteur a alimenté cette crise alimentaire et environnementale que connait le pays. Jean Willy de son côté, dit avoir partagé ses connaissances dans le domaine avec ses enfants, « c’est un héritage à conserver au sein de la famille », pense-t-il.
Au parc aussi le transfert de connaissances est permanent. Le Parc National Urbain de Martissant s’engage dans la formation continue de ses jardiniers, leur fournissant de temps à autre des connaissances théoriques et pratiques en matière de botanique, sur les techniques de culture, le compostage, etc.
Le public extérieur au parc profite aussi de leur expertise. Dans un souci écologique et de respect pour l’environnement, ces ouvriers produisent et utilisent également des Bois Rameaux Fragmentés (BRF) dans le parc pour la commercialisation. Des plantes, fleurs et arbres produits au Parc sont souvent exposés et vendus lors des foires ou sur commande. « Les plantes médicinales sont très demandées ici, les demandeurs les sollicitent soit pour la prévention ou la guérison que dans un but thérapeutique », informe Jean Willy.
Le Parc de Martissant est reconnaissant envers le savoir-faire et le dévouement de ces jardiniers qui aident à garder sa fière allure.
A rappeler que le Parc National Urbain de Martissant, plus communément Parc National de Martissant, a été reconnu d'utilité publique en date du 29 juin 2007 par arrêté présidentiel, et déclaré « Aire protégée » par le Ministère de l’environnement dans un arrêté présidentiel en avril 2017. Accessible à tous, il est créé et géré par la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL).
Cleadford Berthony Belonce
Photos :
1- Jean Laurent Cedestin, jardinier du Parc, arrosant les plantes au Jardin Médicinal.
2- Fecœur Romelus et Jean Willy, deux jardiniers du Parc.